L'école en Allemagne, comment ça marche?

L’Allemagne, cher lecteur, est un pays fédéral. Et dans ce pays fédéral, l’éducation est une des compétences majeures dévolues aux 16 Länder.

Afin de parfaire ta connaissance de notre grand voisin, cher lecteur, je te conseille de cliquer ici pour voir une carte des Länder (ne me fais pas croire que tu serais capable de tous les citer…)

http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A4nder_allemands

Ainsi, il n’y a pas à proprement parler un ministère de l’éducation « nationale », mais 16 ministères de l’éducation différents, un dans chaque Bundesland, et donc 16 ministres de l’éducation différents, aux couleurs politiques différentes selon les Länder. Il y a donc 16 systèmes scolaires différents, et 16 programmes différents (normal puisqu’il y a des matières qu’on pourra carrément ne plus retrouver d’un Bundesland à l’autre).

Voilà qui n’est pas fait pour faciliter la tâche de l’observateur étranger, surtout lorsqu’il est formaté par le jacobinisme dès le plus jeune âge.

Même Jamy de C’est Pas Sorcier serait bien en peine de confectionner une maquette résumant le tout, c’est pour te dire si c’est compliqué.

                Malgré tout, l’ambassade d’Allemagne en France (dont je te conseille par ailleurs le site très instructif http://www.paris.diplo.de/Vertretung/paris/fr/Startseite.html) nous a produit ce tableau (qui comme son nom l’indique est « simplifié »…) pour éclairer notre lanterne (je t’épargnerai ici tous les calembours douteux qui me démangent le clavier sur les jacobins et la lanterne, ça ira…)

Comme tu le vois, tout commence avec la Grundschule, l’équivalent de notre école élémentaire, où l’on rentre à l’âge de 6 ans, qui marque le début de la scolarité obligatoire.

Avant cela, il existe le Kindergarten (littéralement « jardin d’enfants »), dont je ne sais pas très bien encore s’il est beaucoup fréquenté et s’il ressemble ou non à notre maternelle.

L’école primaire dure 4 ans. Jusqu’ici, tout est simple. Une précision cependant : en Allemagne, les niveaux de scolarité (les classes) prennent le chiffre qui correspond aux années de scolarité de l’élève. Ainsi, le CP est la première, le CE1 la deuxième etc.… Si par exemple, je suis dans l’équivalent de notre seconde, ça fait normalement dix ans que je suis à l’école, je suis donc en 10ème. C’est simple comme bonjour.

C’est ensuite que les choses se corsent. A l’issue de la Grundschule, les élèves atteignent un niveau d’orientation qui dure deux ans (5° et 6°). C’est lors de ces deux ans qu’on va décider vers quelle filière va se diriger l’élève par la suite. J’avoue qu’ici, l’alchimie de cette opération me semble encore obscure. Le niveau des élèves, l’avis des professeurs, celui des parents, la constitution de groupes de niveaux dans cette Orientierungsstufe, il semble que de nombreux éléments entrent en jeu pour déterminer la suite. Déjà, lors de cette Orientierungsstufe donc, les élèves peuvent être séparés. Il existe des établissements spécialisés ou on fait seulement son Orientierungsstufe avant de continuer ailleurs, ou autre possibilité, les établissements ont leurs proprs Orientierungsstufe en leur sein (par exemple, la Realschule a son niveau d'orientation ou le Gymnasium, vois plus loin ce sera plus clair). C'est un peu le passage le plus délicat à concevoir pour moi. Il faudra que j'affine encore ma compréhension de ce niveau...

La suite, comme tu peux le voir, est bien loin de notre collège unique. Dès l’âge de 10 ans en fait (à partir de l'Orientierungsstufe donc), les élèves sont séparés dans plusieurs filières et ne reçoivent plus d’enseignement commun.

Il y a ainsi la Hauptschule, que l’on pourrait qualifier d’école primaire supérieure. Elle est plutôt destinée à ceux qui veulent sortir rapidement du système scolaire et entamer tôt une vie professionnelle. Soit par le biais de l’apprentissage (qui est plus répandu en Allemagne qu’en France), soit à travers des écoles professionnalisantes diverses. L’enseignement qui est dispensé à la Hauptschule est donc axé en partie sur des savoirs pratiques et sur une connaissance du monde professionnel.

Autre filière répandue, la Realschule. C’est ce qui semble se rapprocher le plus de notre collège, bien que son contenu et son objectif exact me soient encore plutôt obscurs. A la rentrée, je vais passer quelques jours dans une Realschule de Fribourg et ce sera alors sans doute plus clair. Il semble que les enseignements pratiques ne soient pas exclus de la Realschule, mais qu’elle comporte plus d’enseignement général. Elle peut d’ailleurs ouvrir vers l’université, par l’intermédiaire d’un équivalent de « lycée professionnel ».

A la fin de la Realschule, comme à la fin de la Hauptschule, il y a un examen de sortie. Quelle est sa valeur, et dans quelle mesure jouent ici les différences entre les Länder ? Voilà qui me reste à découvrir.

Enfin, la filière du Gymnasium (le plus proche équivalent de notre lycée général), semble réservée aux meilleurs élèves. Seulement, à la différence du lycée français, on entre au Gymnasium à 12 ans (en 7° donc).Le Gymnasium se termine par l’Abitur (baccalauréat), sésame pour l’université, mais là c’est une autre histoire qui commence.

 

Voilà pour les généralités, on pourrait dire la base la plus répandue du système en Allemagne. Il faut toutefois que tu restes conscient qu’il existe des différences entre les Länder, que chacun a ses originalités et surtout que c’est le contenu qui peut grandement différer.

Pour ma part, je suis en Bade-Wurtemberg, et je te renvoie aux autres pages « système scolaire allemand » si tu veux en savoir plus sur ce que je fais et vois dans ce Land.

Que te dire d’autre ? Que comme partout, l’éducation est un sujet central de société, qui donne lieu à beaucoup de débats, de tentatives de réforme et même de manifestations. Et oui ! Les Allemands aussi aiment à descendre dans la rue pour crier leur mécontentement et leurs revendications, même si on aurait tendance à se complaire dans notre caricature et croire que nous sommes les rois des manifestants. Ainsi, au début de l’année, à Stuttgart, capitale du Bade-Wurtemberg, des parents manifestaient contre les effectifs surchargés des classes dus à la réduction du nombre d’enseignants, en se posant des questions sur la qualité de l’éducation qu’allait recevoir leurs enfants dans un tel contexte. J’espère que ça te rappelle quelque chose cher lecteur…

Une différence cependant, c’est que les Allemands semblent accorder une plus grande importance que nous aux enquêtes PISA. (Si tu ne vois pas bien ce que sont les enquêtes PISA cher lecteur, je te prie de cliquer ici ou ). Cette remarque m’a d’abord été faite par Frau Kayen, la directrice de la Staudingerschule. Elle s’est accru en voyant par exemple qu’un séminaire proposé aux futurs professeurs allemands à la P.H (je ne te rappelle pas que c’est l’IUFM local puisque j’ai décidé de ne plus le répéter) concernait les questions pédagogiques que soulevait PISA. Enfin, elle s’est encore confirmée à la lecture d’un journal satirique traînant dans mon nouveau chez moi (je t’en donne un aperçu ici).

Navigue donc dans le fouillis de ce blog si tu es intéressé. A bientôt.

 

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