Excursion alsacienne

Publié le par Guillhem Vidal

Cher lecteur, ce dimanche j’ai décidé de jouer au touriste chauvin et de visiter un coin de notre patrie, j’ai nommé la bien belle ville de Colmar. Tu pourrais m’opposer si tu n’étais guère attaché au principe d’indivisibilité de notre grande République, que l’Alsace a quelque chose de germanique. Certes, on peut entendre à Colmar des personnes âgées se parlant alsacien sur les bancs publics.




Mais pas de doute, le touriste du dimanche ne peut que se sentir à la maison devant de tels panneaux familiers…







 

 


Outre cette bouffée de patriotisme, c’était surtout l’occasion d’admirer les jolies rues colmariennes, toutes de colombages, et au cas où j’aurais douté d’être en Alsace, les cigognes étaient même là.

Comme dans toute ville touristique qui se respecte où coule un semblant de canal, on oublie vite son humilité et on se compare sans scrupules aux plus grandes, même si ici, un semblant de modestie règne encore. C’est seulement un pâté de maison qui est ainsi appelé la « petite Venise ». On préférera les rues et ruelles du quartier des Tanneurs.
















A Colmar, le musée Unterlinden vaut également le détour, et plus exactement un long détour vu la richesse du lieu. Dans cet ancien couvent, on peut en particulier admirer l’art médiéval gothique germanique. Cranach l’Ancien sera bien sûr de la partie avec sa « Mélancolie » qui renvoie le pauvre « Adam et Eve » du musée des Augustins de Fribourg aux oubliettes.





Le touriste du dimanche pourra aussi être saisi d’un frisson religieux en voyant l’imposant et fort beau retable d’Issenheim. Mais le musée Unterlinden a de multiples facettes. Le touriste du dimanche pourra à nouveau exercer son intellect à déchiffrer l’art contemporain, dans une salle garnie de Soulages, Léger, plusieurs Otto Dix et Picasso (mais oui…), ou dans la grande exposition consacré actuellement au multicolore et parfois fluo Hundertwasser, ami de l’environnement, de l’eau et du « droit de fenêtre » (chaque homme a le droit de s’exprimer artistiquement sur sa façade selon lui, ce qui n’est peut-être pas vu du même œil par la mairie responsable des colombages colmariens).


Si le touriste du dimanche n’est toujours pas rassasié, il pourra plonger dans les nombreuses salles de l’étage dans un bric à brac de trésor, armes, meubles anciens, vitraux et autre costumes traditionnels, enseignes médiévales, objets orientaux… Un désordre du en partie aux nombreux collectionneurs fantasques qui ont doté au fil des années le musée et dont on peut aussi apprendre l’histoire si le cœur en dit au touriste du dimanche.





Mais ce n’est toujours pas tout. Le touriste du dimanche pourra aussi admirer une collection archéologique plus qu’honnête qui le mènera du néolithique aux Romains via les Celtes et les Grecs.

Le touriste du dimanche ne prendra pas le petit train. Il est certes un touriste du dimanche, mais avec sa dignité.

Il ira plutôt voir d’un œil circonspect et dépité Spielberg faire vivoter mollement et sans flamme l’héritage Indianajonesque.

Le touriste du dimanche rentrera à Fribourg par bus, afin de revêtir ses habits de professeur pour l’observation le lendemain d’un Gymnasium allemand que sa décidément très serviable et efficace directrice lui a trouvé, afin d’élargir sa perspective sur le système scolaire allemand, sur lequel cher lecteur, du neuf vient de paraître.

Cher lecteur, il ne me reste qu’à prendre congé pour aujourd’hui, avec la tentation de t’embrasser car nous sommes après tout de plus en plus proches, mais ma raison s’y oppose encore.

 

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