Alles Gute!

Publié le par Guillhem Vidal

Ô cher lecteur, l’émotion m’étreint en t’écrivant ces mots car ils sont mes derniers. Sèche donc tes larmes et pense plutôt à toutes ces pages que nous avons partagées toi et moi.

Demain, avec mes lourds bagages remplis de saucisses, je quitte les cieux fribourgeois pour retrouver la mère-patrie. Avant de retrouver le sud, je m’arrêterai cependant quelques jours à Lille, histoire de faire la transition en douceur au niveau de l’ensoleillement et de la bière…

J’aurais pu te raconter encore bien des choses, cher lecteur, si le temps m’en était donné.

J’aurais pu te raconter mon cours au Kepler Gymnasium avec des premières sur le fascisme dans l’entre-deux-guerres en France qui s’est très bien passé, même s’il était moins vivant et dynamique que celui sur mai 1968.

 

 

J’aurais pu te raconter mon vrai cours de français à l’allemande, où je devais superviser un travail de groupe de présentation de documents divers et variés, en remplacement de la directrice absente. Mais de toutes manières, ce dernier n’a pas eu lieu, car aujourd’hui –surprise- c’était la fête des terminales (Abistreich). Les « bacheliers » (Abiturienten) avaient bloqué les couloirs avec des chaises –mais de manière bien ordonnée s’il vous plaît – et les premiers cours de la journée étaient purement et simplement annulés. Au lieu de ça, les élèves étaient rassemblés dehors, et acclamaient bruyamment les professeurs, qui sur les injonctions légèrement alcoolisées de deux animatrices de terminale devaient se plier à des gages et autres jeux. Exemple : un slalom de chariots entre des files d’élèves, exemple : se couvrir la tête avec un préservatif. Le gage correctement rempli donnait droit au professeur à des acclamations chaleureuses et à une couronne en papier destinée à signaler sa gloire tout au long de la matinée…

J’aurais pu te raconter encore bien des choses sur la Staudingerschule, ses projets d’éducation à l’environnement et d’économie d’énergie, les rituels de salle des professeurs, et bien des choses sur son fonctionnement

 

J’aurais pu te narrer un peu l’histoire de Fribourg : ses révoltes populaires au Moyen-âge, le bon duc Berthold de Zahringen que tu admires ci-contre, les ennuis constants que lui causèrent Richelieu pendant la guerre de Trente Ans, Louis XIV et Napoléon bien entendu, sa destruction quasi-complète à la fin de la guerre à l’exception de la cathédrale (un miracle à n’en pas douter…).









J’aurais pu te donner quelques considérations linguistiques amusées, que te promettaient mon « manuel de savoir-vivre et de linguistique à l’usage des rustres français ». Et si tu sais à présent comment te comporter en vélo, au passage piéton et en Bavière (il suffit d’y boire de la bière et de rouler les r…), tu ne maîtrises sans doute pas assez les rudiments et les logiques de la langue de Goethe.



 

 

 

J’aurais pu te raconter le quartier écologique de Vauban, souvent cité jamais présenté. Je te conseille vraiment une simple recherche internet et tu trouveras des tonnes d’informations, photos, vidéos… fais donc preuve d’un peu d’autonomie, cher lecteur !








J’aurais pu te raconter la demi-finale Allemagne-Turquie, à la signification particulière sur plusieurs plans (pour la Turquie et pour l’Allemagne), que cédant aux sirènes de la communion nationale qui règne ici, je m’apprête à aller regarder sur grand écran. Je veillerai à ne pas me faire souiller de bière chaque fois que Schweini et Poldi, comme ils sont affectueusement surnommés ici, feront vibrer et s’agiter la foule, s’ils jouent comme contre le Portugal.



Mais non, tout ceci est terminé, et je te quitte pour de bon à présent, un peu le cœur gros, car ce qui était une obligation regardée dans un premier temps de l’œil circonspect du novice du 2.0, est devenu parfois un plaisir. J’espère que pour toi aussi, cher lecteur, c’était plutôt agréable.

Je te souhaite « tout bien » comme on dit ici quand on se sépare (Alles Gute)

Tschüsssssss

 

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